Mansour Eddahbi - Hôtel luxueux - S’entraîner à al bahja, place Jamaâ al Fna

S’entraîner à al bahja, place Jamaâ al Fna

Il faut s’installer à la terrasse panoramique de l’un des nombreux cafés qui cernent l’immense place Jamaâ al Fna, pour savourer un bon thé à la menthe en regardant ce haut lieu de la culture populaire de la ville se remplir progressivement de ses commerçants ambulants, de ses artistes et de ses visiteurs. Le bruit des sabots des chevaux tirant les fameuses calèches vertes se perd dans un brouhaha joyeux. L’activité s’organise sans se presser. Déjà le chant aigrelet d’une flûte répond à l’éclat métallique des qraqeb, la cloche d’un guerrab tintinnabule sur un fond indistinct de voix, de rires et d’accents du monde entier.

La tentation est trop forte : vous descendez à votre tour participer à l’effervescence tranquille et familière. Vos pas vous mènent d’une attraction traditionnelle à un stand d’artisanat… Gnaouas, charmeurs de serpents, naqachat, montreurs de singes, danseurs, cracheurs de feu, acrobates, acteurs comiques de rue, écrivains publics, jongleurs, herboristes, tatoueuses au henné… Tous ces trésors du patrimoine culturel marocain vous rendent un peu de votre âme d’enfant. 

Vous êtes sur le point de vous laisser entraîner vers le jeu de la bouteille de Coca, quand soudain la voix d’un hlaïqi vous accroche l’oreille et, comme aimanté, vous approchez de son cercle… ne s’agit-il pas de Mohamed Bariz, l’un des plus fameux conteurs de la place ? Vous vous laissez bercer par l’histoire étonnante qu’il raconte… Ce n’est pas pour rien que la halqa, cet art de la narration à la fois héritage d’une longue tradition orale et appropriation renouvelée par chaque artiste, est l’emblème du folklore de Jamaâ al Fna. 

Jamaâ al Fna, c’est aussi des souvenirs chargés d’histoire, comme le café Matich – institution aujourd’hui disparue où se réunissaient artistes de la place, commerçants, professeurs, curieux et touristes initiés – ou la fameuse exposition-manifeste organisée en mai 1969 qui a réuni de grands noms de la scène plastique nationale – Melehi, Belkahia, Atallah, Chebaa, Hamidi, Hafid.

L’entrée de la médina et de ses souks vous tend les bras, avec les nombreuses boutiques qui rivalisent d’artisanat : pièces d’exception ou objets souvenirs, vannerie, bijouterie, maroquinerie… 

L’heure tourne et l’après-midi touche à sa fin dans les fumées qui commencent à s’élever des points de restauration éphémères : il faut reprendre des forces. Vous choisissez un vendeur de jus de fruit frais (qu’on appelle aujourd’hui « smoothies » – mais depuis toujours à Jamaâ al Fna, c’est du âssir) ou une gargote pour commander un plat typique : une bonne tanjiya si fondante et 100% marrakchie (si ! si !), une assiette de chwaya ou un bol de bebbouch délicieusement épicés.

La place est désormais éclairée par les cafés et les commerces qui forment autour d’elle une ceinture de lumière, par les lampions des stands de restauration et par les lampes portatives des artistes. Jusque tard dans la nuit, elle restera animée et c’est à la frontière de ces heures entre rêve et réalité que se livre tout son merveilleux.

  • S’entraîner à al bahja, place Jamaâ al Fna
Réserver une chambre
Réserver une chambre
close